L'information des femmes

Supplement a l'Information des Femmes no. 18

RENCONTRE INTERNATIONALE A PARIS MAI-JUIN 1977

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Pourquoi sommes-nous la aujourd'hui ? En octobre 1975 le projet de Rencontre Internationale est lance aux femmes du mouvement frangais... Les groupes franqais qui lancent ce projet de rencontre se situaient dans ce qu'on appelait a I'epoque le courant lutte de classe du MLF. Nous nous sentions partie prenante dans les luttes de la classe ouvriere, nous ne pensions pas que le mouvement des femmes pouvait faire la revolution a lui seul, ni que les femmes formaient une seule classe ; mais rien de tout cela n'etait tres clair dans nos tetes. Nous avions cependant I'impression qu'un peu partout en Europe les mouvements de femmes s'elargissaient et commenqaient a poser les memes questions que nous : quels liens le mouvement des femmes peut-il etablir avec les autres forces du mouvement ouvrier, partis, syndicats, organisations, sans que son autonomie soit remise en question? Quelle est sa place et sa marge de manoeuvre, sur quels points precis doit-il concentrer sa lutte? Comment le faire reconnaitre par le mouvement ouvrier comme une force politique et faire integrer dans les luttes de la classe ouvriere ses revendications ? Nous lancions un appel en ce sens en direction des groupes de femmes que de tels problemes pouvaient interesser. Nous ne pensions pas du tout a une Rencontre massive, spectaculaire. Nous savions que notre texte d'appel representait aussi une prise de position politique et qu'a ce titre nous serions en divergence avec d'autres femmes. Nous imaginions une Rencontre restreinte de travail avec 300 femmes environ... Aujourd'hui nous sommes beaucoup plus que 300 et d'europeenne la Rencontre est devenue intemationale.

Que s'est-il passe depuis 2 ans? Les promesses de I'annee de la femme sont bien sur restees lettre morte. Les femmes ont de fait subi au cours de ces deux demieres annees des attaques tres dures non seulement de la part des gouvemements qui ont systematiquement vote des reductions des budgets mais aussi de la part des employeurs qui les ont renvoyees sans scrupules a leurs foyers.

Aujourd'hui les defenseurs du systeme capitaliste louent les vertus de la femme en tant que mere et publient df statistiques sur la denatalite des pa-, capitalistes avances pour faire pass plus facilement les mesures que la bou. gp jisie a partout prises pour faire face k la crise economique generalisee. Les mesures sont a peu pres identiques dans tous les pays :

  • attaques contre les secteurs non rentables, c'est-a-dire, les services sociaux, les ecoles, les creches, les garderies d'enfants, le secteur de la sante, la securite sociale.
  • fermeture d'usines non rentables, licenciements.
  • suppression de credits prevus pour les services hospitaliers en particulier ceux qui prennent en charge les avortements ou qui introduisent des pratiques nouvelles : accouchement sans violence, debats coUectifs entre femmes sur notre rapport a I'enfant, a notre corps, a notre sexualite, comme c'est le cas de la clinique des Lilas a Paris.
  • remise en cause des conges de matemite.

Au cours des differentes reunions qui se sont tenues a Paris, a Zurich, et a Londres pour preparer la Rencontre d'aujourd'hui, nous nous sommes rendues compte que les deux terrains de lutte qui se retrouvaient dans la plupart des pays europeens etaient le probleme de la crise economique et ses consequences pour I'emploi, le travail des femmes, et le probleme de I'avortement ou les victoires remportees etaient remises en question et ou des femmes reprenaient ou continuaient la lutte en j^gleterre, en Allemagne, en France, en Italic. Nous avons decide plutdt que de faire une Rencontre de reflexion theorique sur des problemes que nous sommes loin de maitriser (marxisme, feminisme, lutte de sexe) de partir des luttes que nous avions menees et de discuter a partir de la pour voir comment nous pouvions avancer ensemble.

Mais depuis deux ans, ce qui s'est passe surtout c'est I'explosion du mouvement des Femmes. Nous sommes I'evenement politique de ces deux dernieres annees. Une nuit, k Rome, une femme meurt au cours d'un accouchement a cause de la negligence des medecins. Le matin meme des milliers de femmes manifestent dans la rue. Des femmes violees au lieu de se taire, accusent et les manifestations qui les soutiennent en rassemblent des milliers d'autres. II y a deux ans, nous sortions d'un echec : le Portugal oii le mouvement des femmes naissant n'arrive pas a s'affirmer dans une situation de crise comme si souvent cela s'est passe au cours de I'histoire et nous nous demandions avec inquietude ce qui allait se passer en Espagne dont nous ne savions rien. En deux ans, le mouvement s'est developpe dans ce pays a une rapidite incroyable et les luttes des femmes ont pris un caractere massif. En Italic, nos luttes provoquent et precipitent la crise poUtique. Nous sommes peut-etre en train de voir s'amorcer le combat le plus decisif contre toutes les oppressions et contre tous les pouvoirs : nous approfondissons et enrichissons tous les jours les notions de lutte de classe, de socialisme, et violence de classe.

C'est ce qui explique que nous soyons si nombreuses aujourd'hui. Mais la partie est loin d'etre gagnee et nous avons bien besoin de nous rencontrer et de reflechir aux meilleurs moyens de rendre notre lutte encore plus efficace et plus subversive. Le capital est international. La bourgeoisie a mene ses attaques dans tous les pays. Partout, elle tente de nous diviser, d'opposer les travailleurs aux travailleuses, les femmes du pays contre les immigres, les chomeuses, les menageres contre les femmes ayant un emploi. Face a cette realite, il est essentiel que nous unifions nos forces et que nous commencions a mener la lutte au niveau international. La Rencontre k laquelle nous participons aujourd'hui est un premier pas dans ce sens. Certes, la situation politique et sociale n'est pas la meme dans tous les pays. II y a des differenciations importantes suivant I'importance du mouvement des femmes, suivant la profondeur de la crise economique et les rapports de force entre les differentes forces politiques et sociales.

Mais les themes a I'ordre du jour de cette Rencontre, la question de I'emploi, de I'avortement, de la violence montrent que les problemes ne se posent pas de manieres si differentes dans les differents pays et que I'une des questions essentielles c'est aue nos luttes aeviennentment ouvner.

Ces trois joumees d echange et de travail s'annoncent d'autant plus riches que pour la premiere fois des femmes de differents pays qui ont des experiences differentes, des femmes qui se reconnaissent dans differents courants politiques se retrouvent au niveau international.

(Ce texte a ete redige collectivement par des femmes de differents pays, dans le cadre des reunions de deleguees qui ont precede la Rencontre intemationale.)


Pourquoi ces 8 pages ? Pourquoi pas I'ensemble des documents emanant de la Rencontre intemationale et qui vous avaient ete promis ? Des documents, il y en a beaucoup, il y en a trop pour que nous ayons pu les taper et ies roneoter, et des photocopies, a couterait beaucoup trop cher.

Les femmes de Paris, reunies en assemblees generates chaque semaine depuis ia Rencontre pour faire le bilan et poureuivre le travail, proposent done plutot de faire paraitre la totalite des textes, bilans, compte-rendus, etc., sous forme d'un livre en edition de poche. Cela prendra un ou deux mois de plus, mais permettra une diffusion d'une tout autre ampleur et nous evitera par ailleurs i'enorme travail de frappe. Des commissions vont se mettre au travail pendant I'^te pour effectuer le defrichage de cette montagne de textes en toutes langues, venant de tous les pays, sur tous les themes abordes, et dont la richesse s'avere incommensurable pour la progression des mouvements autonomes de femmes.

Mais comme nous ne voulons pas etre seules k decider du contenu exact de ce livre, nous vous proposons une reunion restreinte de deleguees de touilespaysles septembre k Paris (14 hk la faculte de Jussieu, metro Jussieu) afin de discuter des propositions taites par les copines parisiennes. En attendant... et pour vous faire patienter, nous avons choisi de reproduire ici des extraits significatifs d'un certain nombre de resolutions qui ont ete lues en assemblee generate le lundi matin (et dont nous disposions d'une version francaise)



AVORTEMENT, CONTRACEPTION

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EXTRAIT DE LA COMMISSION CONTRACEPTION

Les femmes presentes n'etaient pas satisfaites des moyens de contraception existants. Les feministes conscientes de ce fait sont cependant obligees de continuer a conseiller les femmes sur les moyens de contraception. II y a la une contradiction qui doit etre depassee.

Elles proposent que soient envoyees des informations sur les pratiques des multinationales et sur leurs produits qui repondent a leur volonte de profit et non aux interets des femmes.

INITIATIVE EXEMPLAIRE DES FEMMES ITALIENNES

En Italie, les consultori representent une initiative feministe exemplaire qui a mis en question le pouvoir des medecins et la medecine officielle. Ce sont des centres de sante femmes, ou a partir des problemes immediats des femmes, avortement, sexualite, sont abordes les problemes plus generaux d'oppression de la femme. Les femmes se sont donnees les moyens de faire fonctionner ces centres par I'occupation de locaux, par la pratique d'avortement, par l'autogestion.

COMMISSION AVORTEMENT, CONTRACEPTION, SEXUA TE,MATERNITE

La commission sur I'avortement a examine les situations dans les differents pays. Les discussions, les echanges, les analyses nous ont amenees S conclure :

  1. Que dans tous les pays, la situation est la meme et que la libre disposition de nos corps nous est refusee.
  2. Que les luttes des femmes pour leurs droits deviennent de plus en plus nombreuses et puissantes.
  3. Mais qu'ci I'^helon international, les forces reactionnaires et oppressives sont puissantes et s'organisent pour nous denier nos droits.

En consequence, nous avons decide de nous regrouper h r6chelon international, nous aussi, de lutter toutes ensemble et de renforcer notre solidarite.

Nous proposons done de mener une campagne inter nationale pour la libre disposition de nos corps. Pour ce faire, nous proposons :

  1. de tenir prochainement une rencontre Internationale,
  2. d'organlser une campagne de denonciation ci I'echelle Internationale, la meme dans chaque pays I'annee prochaine,
  3. d'organiser la solidarite entre toutes les femmes. Nous proposons done pour discussion aux femmes de chaque pays le manifeste suivant :

MANIFESTE INTERNATIONAL

  •  Aujourd'hui encore, en Europe, en 1977, plus de 4 k 6 millions de femmes doivent avoir recours, chaque annee, ci I'avortement clandestin, illegal. Cela signifle pour elles des conditions sanitaires d6plorables, une recherche epuisante et demoralisante de la « bonne adresse », I'impression d'etre une criminelle, et done le desespoir.
  • Aujourd'hui encore, en 1977, un grand nombre de femmes meurent des suites de ces avortements clandestins alors que nous savons que les avortements pratiques dans de bonnes conditions n'ont qu'un tres faible taux de mortalite.
  • Aujourd'hui encore, de nombreuses femmes d'Espagne, du Portugal, d'ltalie, de Belgique, de France, doivent se rendre dans d'autres pays, tels la Grande Bretagne, la Hollande, la Suisse pour pouvoir avorter dans de relativement bonnes conditions.
  • Aujourd'hui encore, des femmes qui ont avort6 ou des femmes qui ont aid6 d'autres femmes S avorter sont traitees comme des crimirielles et trainees devant les tribunaux comme en France, k Bobigny en 1972, et h Aix en 1977. Les femmes subissent une repression terrible et sont meme dans certaines regions de la Suisse, enfermees dans des hopitau psychiatriques pour avoir ose demander un avortement, ou bien elles sont chassees de la fonction publique comme en RFA.
  • Aujourd'hui encore, en Europe, le droit k I'avortement, le droit des femmes  la libre disposition de leur corps, le libre choix de leurs maternites ne sont pas reconnus.

En Espagne, au Portugal, en Irlande, I'avortement est considere comme un crime et puni comme tel. La repression est encore plus feroce contre les femmes qui re vendiquent leurs droits.

En Suisse, en Belgique, en Hollande, en Italie, en RFA, I'avortement est toujours interdit, mais le pouvoir prefere ignorer le probleme et, en regie generale, tolere la pratique de I'avortement.

Enfin, en Grande Bretagne et en France, une liberalisation de I'avortement a ete arrachee aux pouvoirs, grace aux luttes des femmes, mais ces lois restent tres insuffisantes, tres incompletes, peuvent toujours etre remises en cause et les moyens necessaires k leur application restent quasi inexistants.

En bref, le droit k I'avortement n'est nulle part reconnu pleinement.

  • Aujourd'hui encore, en Amerique, en Afrique, en Asie, le pouvoir impose aux femmes la sterilisation et la contraception forcees. II leur denie tout droit a une libre disposition de leur corps, a un libre choix de leur maternite.
  • Aujourd'hui encore, ['information sur les methodes contraceptives reste un privilege de classe.
  • Aujourd'hui encore, les conditions lamentables de travail qui sont imposees aux femmes de la classe ouvriere, provoquent de nombreuses fausses couches. La aussi le libre choix de leur maternite est refuse aux femmes. Partout dans le monde les classes dirigeantes veulent soumettre les femmes des classes les plus defavorisees k leurs objectifs politiques, economiques et demographiques.

Partout dans le monde, le corps medical nous soumet ci son savoir, nous impose son pouvoir et son « ideologie », nous traite d'objets.

Partout dans le monde, les pouvoirs religieux, les Eglises, menent une campagne ideologique interne aupres de la population afin de la maintenir sous leur joug, faisant ainsi le jeu des classes dirigeantes.

Partout dans le monde, les femmes sont opprim^es. Partout dans le monde, elles ne sont consid6r6es que comme des machines k reproduire. Partout dans le monde, on leur nie toute identite.

Nous, les femmes du monde, n'acceptons plus d'etre traltees en mineures, en Irresponsables et en objets. Nous, les femmes du monde, sommes toutes solidaires.

Nous les femmes du monde avons decide de lutter ensemble afin d'Imposer :

  1. Le droit h la libre disposition et d la connaissance de notre corps;
  2. Le droit d ravortement libre et gratuit, avec :
    • la suppression de la clause de conscience des medecins ;
    • le droit S I'information sur les methodes abortives ;
    • le droit au libre choix des methodes et des circonstances de I'avortement;
    • la fin de la repression contre les femmes qui ont avorte ou aide d'autres femmes S avorter;
  3. Le droit k une contraception libre et gratuite, sure et saine, avec :
    • I'acces pour toutes k toutes les methodes contraceptives ;
    • le developpement de I'^ducation sexuelle ;
    • le developpement de la recherche sur la contraception, sous le controle des femmes ;
  4. Le droit au libre choix de notre maternity, avec :
    • le refus de la sterilite forcee ;
    • le refus des conditions de travail et de vie qui mutilent les femmes ;
    • le droit a une maternite saine, sure et sans douleur;
    • la reconnaissance sociale de la maternite ;
  5. Le droit d'inventer notre sexuality, nos sexualites:
  6. Le refus de toutes les mutilations sexuelles :

viol, violences, mutilations physiques, tortures.

ON NE MENDIE PAR UN JUSTE DROIT ONSE BAT POUR LUI ET NOUS NOUS BATTONS

FEMMES AU TRAVAIL

Les trois commissions qui se sont tenues sur le theme des femmes au travail (emploi, syndicats, etcjne nous ont malheureusement pas laisse de compte-rendu ecrit de I'intervention synthetique faite en AG le lundi matin. Nous en profitons pour demander a celles qui ont des textes de nous les faire parvenir. A ce que nous savons, les debats en commissions ont porte avant tout sur le probleme du type d'organisation que les femmes travailleuses peuvent se donner dans les bureaux et les entreprises; sur les blocages rencontres face a cela de la part des syndicats; sur la difficulte pour les femmes des groupes a operer la jonction avec les travailleuses qui commencent a se radicaliser.

Nous avons done choisi de reproduire ici de larges extraits du texte redige par des femmes italiennes sur I'experience de I'Intercategoriale de Turin, qui a fait I'objet de nombreux debats dans les commissions concemees.

EXTRAIT DE L'INTERVENTION DE L'INTERCATEGORIALE DE TllUN

L'experience d'agregation a I'interieur du syndicat que nous avons faite comme femmes travailleuses est nee a partir des cours des « 150 heures » (que les travailleurs peuvent utiliser pour etudier).

L'lntercategoriale, des son debut, s'est posee en contradiction avec la vieille optique syndicale des « Commissions femmes » : il ne s'agissait pas pour nous de faire un groupe d'etude sur « les origines de I'opppression de la femme », mais de revendiquer le droit a s'organiser dans le syndicat de faqon autonome, pour verifier entre nous comment nous sommes discriminees dans les usines et dans la societe, pour discuter entre nous nos problemes avant de les confronter avec le syndicat dans son ensemble.

Les femmes des 150 heures ont commence a se retrouver dans I'usine, avec d'autres femmes, presque toujours hors horaire de travail, pour affronter ensemble leurs problemes communs.

Autour de I'echeance du 8 mars 1976, nous avons pourtant tenu les premieres assemblees composees exclusivement de femmes, pour permettre a toutes les femmes de s'exprimer sans peur d'etre jugees ou tournees en derision par les hommes, en affrontant des themes jusqu'a ce moment-la consideres « non politiques », « choses personnelles », etc.

Mais il serait impossible de comprendre cette experience en I'isolant du contexte plus general dans lequel elle est situee. Cette experience a ete possible et avec ces caracteristiques parce qu'elle a ete depuis le debut etroitement liee au mouvement feministe, a ses luttes, a ses methodes.

En effet, la chose la plus importante que nous avons apprise du mouvement des femmes est la METHODE par laquelle on abordait les questions qui se posaient, en cherchant a partir chaque fois du propre vecu personnel pour arriver a es aspects generalisables permettant de definir iftiei^Widition commune.

Par l'lntercategoriale, le feminisme a depasse les portes des usines. On a lentement commence a souder la traditionnelle coupure entre le « feminisme » - taxe de phenomene sexiste et bourgeois — et 1' « emancipationisme ».

Certes, nous avons beaucoup de problemes ouverts a resoudre. Avant tout un probleme de definition plus precise de cette structure qui se trouve aujourd'hui a organiser des couches diverses de femmes (politisees ou non, syndicalisees ou non, travailleuses, chomeuses et menagdres), qui posent des exigences differentes a des niveaux differents.

Deuxiemement, il y a le probleme du rapport avec le syndicat, dans lequel nous operons.

Apres une premiere phase dans laquelle le syndicat se limitait a observer — parfois plus permissif, parfois plus repressif, en tout cas c'etait pour lui un avantage le fait que nous, par notre travail, stimulions une participation plus active de beaucoup de femmes a I'activite syndicale — aujourd'hui est en cours une operation de recuperation, qui passe par la tentative de reenglober a I'interieur de la logique traditionnelle des vieux « groupes d'etude » ou des plus recents « bureaux travailleuses » les niveaux d'organisation que nous avons rejoints de faqon autonome, et en reproposant directement ces structures dans les situations les plus faibles.

A travers l'lntercategoriale, nous avons reussi non seulement a affirmer une nouvelle faqon de s'organiser sur la place du travail et dans le syndicat, mais nous avons aussi fait pression sur le syndicat dans son ensemble avec toutes ces structures, afin qu'il prenne en charge les problemes poses par le mouvement femme, et afin que le syndicat commence a mettre en discussion son fonctionnement interne, la participarion reelle de la base aux decisions.

Turin, le 25.5.1977

TRAVAIL DOMESTIOUE

La commission sur le theme du travail domestique a eclate en deux, vu les divergences qui sont apparues et qui semblaient rendre impossible tout travail approfondi en commun. Nous vous donnons done ici des extraits de chacun de leurs compte-rendus, contradictoires dans Icurs conclusions.

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COMMISSION SUR LE SALAIRE MENAGER

Toute une partie du travail menager ne peut etre effectue sur une base communautaire (nettoyer les toilettes, nourrir les enfants, etc.). Faut-il que les femmes continuent a assumer ces taches sans etre payees ? Ou, pour etre moins polemique, faut-il qu'elles atten(lent en acceptant la situation actuelle? Rejeler la revendication du salaire menager signifie indirectement que I'emancipation ne peut etre obtenue qua travers un travail professionnel (parce que les femmes ont besoin de plus d'argent pour devenir libres). Dans les conditions actuelles, en tout cas, cela signifie un double travail pour les femmes (il n'y a qu'a jeter un coup d'oeil sur les chiffres concernant le taux de meres travailleuses precocement malades).

Aussi longtemps que le travail domestique ne sera pas plus estime, le travail professionnel impli(juera un travail supplementaire, et non I'emancipation.

La bataille pour I'obtention du salaire menager facilitera de fait la rupture des femmes avec leur solitude et developpera leur conscience politique. Il n'y a aucun espoir qu'une telle revendication puisse etre obtenue sur une base purement individuelle : seule Taction collective permettra de vaincre.)

COMPTE RENDU DE LA COMMISSION TRAVAIL DOMESTIQUE

Contrairement aux groupes favorables h la revendication du salaire menager, la majorite du groupe definissait le travail menager comme n'englobant que le travail et services que les femmes effectuent dans le cadre de la famille — travail de reproduction physique et psychologique, education des enfants, consommation. Toute perspective de lutte contre le travail menager dolt done egalement se referer au cadre de la famille restreinte moderne. Dans toute la discussion il etait implicite que par « menagere » ou « femme au foyer », on comprenait la femme n'ayant pas un emploi professionel et mariee a un proletaire. La caracteristique principale du travail menager est son caractere prive. L'isolement dans lequel travallle la menagere a d'importantes consequences sur la conscience et determine done egalement la strategic a suivre pour rompre cet isolement. II est impossible de parler du travail domestique sans tenir compte de tout le contexte social, economique et politique. En faisant le resume nous avons constate que nous n'avions pas assez expliclte ces liens entre le capitalisme et le travail domestique. Mais on peut voir ces liens par exemple dans I'intensification du travail domestique qu'amene la crise. II est important de determiner comment le systeme profite du travail non-salarie qu'accomplissent les femmes au foyer. Le fascisme a mis cela en evidence par exemple en Espagne. L'Etat espagnol est d'allleurs pret k promettre un salaire menager pour essayer de retenir les femmes au foyer. Actuellement le travail domestique accompli de maniere privee par les femmes est Indispensable au systeme, et c'est pourquoi il faut egalement arriver h articuler la lutte contre le travail domestique et contre le capitalisme.

SITUATION DANS LES DIFFERENTS PAYS PRESENTS

En Allemagne, Suisse et France, il n'y a qu'une elaboration theorique sur le travail domestique et peu ou pas de pratique. A remarquer le desinteret tres general dans les MLF sur cette question (cf. plus loin quelques exemples frangais).

La situation est differente en Italie et en Espagne, etant donne surtout le climat politique et les femmes espagnoles nous ont explique les caracteristiques du mouvement femmes espagnol qui expliquent sa croissance et son implantation dans les quartiers. II faut notamment tenir compte du fait qu'il y a en Espagne une tradition de luttes de classe et de participation a ces luttes par les femmes, ce qui leur a donne une experience de solidarite et de lutte commune.

C'est la jonction entre cette radicalisation « politique » et les acquis du mouvement feministe qui a donne un mouvement femmes mieux implante dans les couches populaires que dans d'autres pays.

Les femmes des USA, d'Angleterre, ont parle des luttes qui ont eu lieu pour un salaire menager.

Ce qui est apparu clairement est qu'il etait necessaire de proposer des objectifs tres concrets et realisables aux menageres pour les inciter a sortir de leur isolement, et que meme dans le cas d'une mobilisation, il est tres difficile de lui donner des perspectives.

Quelles sont les mesures concretes que Ton peut proposer aux menageres ?

  • Abaissement de la duree hebdomadaire du travail pour tous les salaries femmes et hommes.
  • Accroissement du nombre de creches, cantines, laveries et divers equipements collectifs, sous le controle des usagers. "
  • Conge de garde ou de maternite accorde indistinctement a I'un ou I'autre des parents, avec une garantie de reintegration dans I'emploi.

II faut tenir compte du rapport dialectique entre un nouveau mode de vie a la base de la collectivite et le niveau de conscience et son contexte ideologique.

II va de sol que toutes ces mesures doivent etre accompagnees du partage des taches entre les deux sexes, le financement par I'Etat est indispensable mais son controle sera fait par la base.

NOTRE POSITION SUR LE SALAIRE MENAGER

Notre groupe etait majoritairement contre le salaire menager meme en tant que revendication temporaire, et cela pour les ralsons suivantes :

  • si le mouvement a deja le pouvoir de lutter pour cette revendication, pourquoi gaspiller ses forces pour une solution batarde.
  • etre salaire ne donne pas automatique le pouvoir: exemple des prostituees et des travailleurs.
  • le salaire manager ne remet pas en question la division sexiste du travail ni I'opposition, la separation qui existe entre vie publique et vie privee.

Tous les points mentionnes ne sont que des amorces de debats qui restent S faire. L'approfondissement du debat implique un autre niveau d'organisation du mouvement des femmes et un autre style de discussion doit s'instaurer entre nous : il convient d'etre solidaires meme s'il apparait des divergences de tendances.

Le but d atteindre est la lutte contre notre oppression en temps que femmes et non pas la lutte contre une tendance opposee au sein meme du mouvement.

REPRESSION

Le theme de la repression a fait I'objet de plusieurs resolutions. Faute de place, nous ne pouvons reproduire ici que la resolution finale de la commission repression, mais deux autres textes auraient du etre soumis a I'Assembl^e generale du lundi apres-midi (et n'ont pu I'Stre vu I'opposition d'un certain nombre de femmes a ce qu'on debatte des perspectives mises en avant pas les commissions) que nous publierons avec I'ensemble des autres documents. II s'agit d'une resolution des femmes d'Amerique Latine appelant a un tribunal international contre la repression a regard des femmes, et d'une resolution des camarades allemandes appelant au soutien du Tribunal Russell qui doit se tenir prochainement sur la question de la repression contre les prisonniers politiques en RFA.

(Nous aimerions recevoir le texte original de la resolution publiee ci-dessous, car nous n'en avons qu'une version incomplete prise en steno sur la base d'une traduction qui etait visiblement insuffisante.)

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COMMISSION REPRESSION

Dans la societe capitallste, les femmes participent de plus en plus directement et radicalement aux luttes. A ces luttes, I'Etat repond par une repression toujours plus dure.

Pour les femmes, elles sont reprimees des qu'elles brisent leur role traditionnel de femme (avortement, lesbianisme, adultere). Le capltalisme se sert de notre oppression pour survivre. La justice est une justice de classe, mais elle opprime les femmes d'une maniere specifique. Les prisons reproduisent les divisions de la societe qui les a engendrees. Dans les dictatures affirmees (en Afrique, Amerique Latine, Espagne), la repression est directe. Dans les autres pays dits democratiques, la repression est plus discrete, « blanche », car le pouvoir prefere que ses methodes repressives ne soient pas revelees au grand jour.

Notre lutte contre la repression fait partie de celle de la classe ouvriere tout entiere. La repression des femmes n'est specifique que dans la mesure ou elle s'appuie sur leur oppression pour introduire une dimension sexiste dans les methodes repressives utilisees a leur egard. C'est pourquoi la lutte des femmes contre la repression se fait aux c6tes de tous les travailleurs. La repression sexuelle par rapport aux femmes est une arme de la bourgeoisie : a nous de la faire connaltre k la classe ouVI vriere. La repression est Internationale grace aux pactes que fait la bourgeoisie : les assassins des femmes en Amerique Latine sont entraines par la France et I'Allemagne. Nous devons done mener une lutte Internationale. Nous nous solidarisons avec les femmes boliviennes enferm6es dans les mines, avec la lutte recente des prisonniers en Allemagne, et nous exigeons que leur soit applique un statut semblable k celui des prisonniers de guerre de la Convention de Geneve. Nous nous solidarisons avec les prisonniers du Zaire, avec tous les prisonniers d'Amerique Latine.

Devant tous les mensonges de la presse, nous denongons la torture pratiquee par I'Etat espagnol. Nous denoncons la torture blanche dans les prisons « modeles » en Allemagne, en France.

Mais il ne suffit pas de denoncer. II faut presenter une alternative de lutte. Aussi nous nous joignons a I'appel lance pour la tenue d'un Tribunal Russel qui doit montrer le role imperialiste, repressif de I'Allemagne Federale. Nous proposons la creation d'une commission Internationale sur les tortures dans tous les pays et une journee de lutte Internationale soutenue par les organisations ouvrieres de tous les pays ainsi que par toutes les organisations qui luttent contre la repression, journee qui prepare une marche Internationale des femmes contre la repression.

COMMISSION FEMMES

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ET ENFANTS

La discussion dans cette commission a etc caracterisee par le fait que les femmes qui y assistaient se sentaient tres concernees par le probleme traite.

Le point de depart de la discussion fut que les femmes qui ont des enfants sont confrontees a des problemes pratiques lorsqu'elles veulent mililer dans le mouvement des femmes. Notamment parce qu'elles mettent en question la division traditionnelle des roles entre garqons et filles dans I'education des enfants.

Rejeter la maternite, c'est problematique dans la mesure oil une telle decision ne fait que perpetuer la situation actuelle : car ce sont toujours les femmes et exclusivement eUes qui sont obligees de renoncer.

Le premier pas a faire pour changer quelque chose a notre situation c'est d'en denoncer tous les mecanismes.

Le systeme avec tous ses tenants et ses aboutissants — la famille, la psychologic et la juridiction en vigueur — implique que la mere est la seule responsable du developpement de ses enfants - les hommes se considerent comme des educateurs a temps partiel - les psychologues reactionnaires continuent a considerer que les troubles du developpement psychologique de I'enfant sont dus a la mere - les juges punissent les femmes beaucoup plus severement que les hommes en cas de negligence ou de mauvais traitcments vis-a-vis des enfants.

L'enfant fait les frais de la violence de la societe, car plus la mere subit elle-meme cette violence, plus elle a tendance a la reproduire vis-a-vis de son enfant ; moins elle a ete capable de s'opposer au sexismc, plus elle reproduit les cliches traditionnels dans I'education de son enfant.

II faut que les hommes prcnnvnt leurs responsabilites dans I'education, il faut alter dans le sens de la mise sur pied de structures collectives pour la prise en charge de leur education dans le cadre du mouvement des femmes.

FEMMES BATTUES. VIOL

COMMISSION FEMMES BATTUES

Unecommission sur les FEMMES BATTUES s'est tenue, dont nous ne pouvons reproduire ici la totalite du compte-rendu, faute de place. Y ont participe des femmes d'Allemagne, de France, d'Angleterre et de Suisse. El les ont constate que toutes avaient debute avec des permanences telephoniques, sans forcement disposer d'un local et que Taction sur I'opinion publique, avec une propagande intensive avait 6te determinante pour poser largement la question des femmes battues.

« Les solutions individuelles d'hebergement, action momentanee par la plupart des groupes se sont averees non satisfaisantes et negatives ^ long terme. Notamment a cause de I'isolement des femmes battues, leur regroupement etant un facteur essentiel pour leur permettre de s'en sortir aussi bien mat6riellement que psychologiquement.

» Toutes les femmes de la commission se sont retrouvees d'accord sur deux points essentiels : elles se refusent k faire de I'assistance et elles veulent que les femmes arrivent h se prendre en charge elles memes d court et it long terme. Elles concluaient : « II apparait necessairement que les refuges ne sont pas la solution du probleme de la violence contre les femmes, mais representent un pas important dans cette direction. »

EXTRAITS DU COMPTE-RENDU DE LA COMMISSION VIOL

(a laquelle presque 500 femmes ont participe)

On ne peut lutter contre le viol sans lutter en meme temps contre tous les aspects de la violence physique et psychique vis-a-vis des femmes. Seule la lutte contre le systeme bourgeois et patriarcal peut etre consideree comme liberatrice et r^volutionnaire pour les femmes.

(...) Dans les codes, la femme est consideree comme irresponsable, au meme titre que les enfants et les debiles.

Les Italiennes proposent de changer les lois concernant le mariage et la famille (qui favorisent la violence et la repression contre les femmes). Mais cela ne suffit pas (cf. les lois sur I'avortement) si elles ne sont pas appliquees. En Australie, par exemple, les femmes ont obtenu une loi reconnaissant le viol par le mari, mais aucune femme n'a eu le courage de denoncer son mari.

Sur la question de I'utilisation de la justice bourgeoise, deux positions divergentes existaient dans la commission. Pour les Italiennes, c'etait un element revolutionnaire dans la mesure ou cela permet aux femmes de sortir de I'ombre. Pour les Allemandes au contraire, cela revient ^ faire le jeu du systeme bourgeois. II a cependant ete souligne que le systeme d'oppression differait selon les pays, de meme que le niveau de conscience de la classe ouvriere, ce qui influe dans les positions adoptees a ce sujet.

L'idee d'un tribunal international contre le viol a ete mise en avant, de meme qu'un congres international I'an prochain ci Rome

COMMISSION HOMOSEXUALITE

II est evident, vu le nombre incroyable de femmes qui sont venues a la commission homosexualite dimanche, que la question de l'oppression contre les leshiennes doit etre prise en compte par le. mouvement des femmes.

Nous leshiennes, nous souffrons d'une double oppression : en tant que femmes et en tant qucs lesbiennes. Notre experience en tant que lesbiennes et feministes devient politique et revolutionnaire a partir du moment ou elle s'attaque a toutes les formes du pouvoir. Nous avons appris dimanche qu'il y a des mouvements de lesbiennes dans tous les pays, generalement en marge des mouvements feministes heterosexuels. Nous appartenons a des tendances politiques diverses, mais nous sommes toutes d'accord de dire que nous luttons pour etre libres de definir notre propre sexualite, libres de la domination du capitalisme et de sa morale bourgeoise, de I'Eglise et de sa psychologie. Cela implique un combat contre le systeme capitalisle patriarcal et contre Vopprcssion touchant les homosexuel(le)s partout oil elle existe.

Nous demandons que le mouvement des femmes prenne en charge la defense de nos droits et se batte a nos cotes contre notrc oppression.

ESOLUTION ADRESSEE AUX FEMMES DE LA RENCONTRE INTERNATIONALE PAR 6 GROUPES DE FEMMES D'UN REGROUPEMENT UNITAIRE D'ACTION DE HAMBOURG

Nous femmes sommes particulierement touchees par la radioactivlte, la moindre radiation est deja nocive pour les embryons (p. ex. leucemie, malformations). Et c'est nous qui aurons S nous occuper des enfants malformes : la bombe atomique d'Hiroshima a clairement prouve la nocivite des rayons radioactifs. Nous femmes refusons de mettre en jeu notre vie pour le profit et la volont^ de puissance de la bourgeoisie. Les capital istes ont prouve qu'ils sont prets a utiliser tous les moyens pour imposer leur programme atomique. Les interventions brutales de la police contre les milliers d'opposants aux centrales nucleaires a Brokdorf et Gohnde I'ont clairement montre. En automne, le gouvernement de la RFA doit decider de I'endroit ou seront ensevelis les dechets nucleaires. Cela implique en meme temps que les interdictions de construction de centrales nucleaires vont etre levees. C'est pourquoi nous comptons sur un « automne chaud » pour le mouvement anti-nucleaire. Aidez-nous a construire un front anti-nucleaire international.

COMPTE-RENDU DE LA COMMISSION  TECHNIQUE FRANCAISE

Au depart, I'objectif de la rencontre etait de debattre les liens entre la lutte des femmes et la lutte des classes et voulait etre une rencontre de travail restreinte et limitee a quelques centaines de femmes. Est-ce les deux ans qui se sont passes...

  • les femmes qui sont entrees en lutte dans differents pays ? - la poussee de toutes celles qui n'acceptaient pas le cote restrictif de la rencontre ? la mise en question du theme central par beaucoup de femmes ?
    ...tout cela a fait que la structure premiere a eclate et que nous avons ete 5 000. Quant aux problemes techniques, le defi etait tres difficile a relever vu le peu de temps qui restait et la masse de choses a faire. Un appel est lance aux femmes pour venir preter main forte. Bien que n'ayant pas pu debattre a fond du projet de la rencontre, une cinquantaine de femmes sont venues renforcer le groupe initial pendant les dernieres semaines. Une dynamique s'est creee face a un travail ingrat qui paraissait souvent insoluble :
  • a quatre jours de la rencontre, nous n'avions pas le premier sou d'une dette certaine de plusieurs millions pour la nourriture.
  •  un debat de longue haleine avec les organisatrices de tous les pays sur le probleme de la securite s'ouvre : doit-elle etre mixte ou non-mixte ? Le vote est decisif : les femmes assureront leur propre securite. Une poignee de fiUes, sans entrainement particulier pour assurer la securite d'un espace aussi difficile que Vincennes constitue la « Commission Securite ».
  • la decision de la Commission de Presse : toutes les informations seront controlees par les femmes du mouvement a la rencontre, est remise en question au dernier moment et neanmoins maintenue.
  • pas de lumiere pour la fete,... etc.

Et malgre la complexite et 1' « apparente » impossibilite a faire face a ces trois joumees, a I'heure H nous avons fonce et « qa marchait ». Bien entendu avec heurts, accrocs, crises de nerfs : I'amphi trop petit, les commissions trop grandes, la sono aphone, les prix fluctuants de la nourriture, la monopolisation de la parole, la fete stoppee a peine commencee a cause de I'heure... mais « qa marchait ». Nous, commission technique avons assume le travail obscur, frustrant de « faire fonctionner» la rencontre et done de ne pas participer aux Assemblees generales, au travail des commissions et malgre cela nous avons ressenti tres vivement ce vecu des femmes — mouvement des femmes : de nous-memes.

Certaines d'entre nous se sont seniles utilisees au service des autres, notamment par celles qui etaient la « pour consommer ». D'autres, ameres, constataient qu'il n'y avait aucune aide spontanee ou tres peu de reponse aux appels pour faire le service d'ordre, le nettoyage, etc. D'autres encore se sont senties commandees, dirigees.

Et pourtant,

  • celles qui avaient la chance de participer aux debats ont pu temoigner de la richesse des echanges et des discussions.
  • les rapports des commissions avancent des resolutions, des actions a entreprendre.
  • les documents que nous avons pu recueillir attestent du travail effectue et le materiel que nous croyions destine a une brochure, peut-etre servira-t-il a un livre !
  • I'enthousiasme exprime par beaucoup de femmes de faire un travail collectif au niveau international est certain.

La rencontre, a I'image de la conference de presse de cloture est apparue eclatee ; en effet, la presence de courants divergeants et les affrontements qui en ont decoule, ont empeche qu'un debat sur les perspectives du courant lutte de classes du mouvement ait lieu en Assemblee generale vu les conditions materielles. Ces trois joumees nous ont montre que :

  1. Nous sommes capables, sans mixite, de faire face a des problemes dits « inhabituels » pour les femmes : planification, securite, prevision, gestion, organisation, alors que pour beaucoup d'entre nous, nous n'avions jamais ete confrontees a ces problemes.
  2. Le besoin enorme qu'ont les femmes de se retrouver.
  3. Le besoin de creer un reseau d'information international.
  4. Pour certaines, la rencontre a pu etre le lieu d'une prise de conscience que rien, ni personne, ne nous apportera notre liberation, qu'elle doit venir de nous, et de nous seules, autonomes. Pour d'autres, deja engagees dans le mouvement, elle a ete I'occasion d'amorcer un debat qui permettra, nous I'esperons, de nouvelles initiatives et d'approfondir la discussion sur I'articulation du mouvement avec le mouvement ouvrier.

La Rencontre internationale continue...

BILAN FINANCIER

Nous ne pouvons des aujourd'hui vous donner un bilan detaille car toutes les depenses ne sont pas encore repertoriees. Pourtant, nous pouvons d'ores et deja annoncer que celui-ci sera positif Le benefice de la rencontre sera de I'ordre de 10 000 F environ.

Uirectrice de publication : Michele Baron
No de Commission paritaire : 57 576
Imprime chez « Les Imprimeurs Libres » - 366 91 53 - 75020 - Paris                                                                                                                                                            

Supplement au no. 18 de i'lnformation des Femmes
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